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Billet publié le 8 Novembre 2024

Possibilité d’un réveil ?

Au risque de surprendre, l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis peut être salutaire pour nous Européens. Le propos n’est évidemment pas de saluer ici le modèle que l’intéressé prétend être mais plutôt le message que semble avoir émis une incontestable majorité du peuple américain.

Menteur, tricheur, hâbleur et facilement destructeur, le héros du jour n’est pas loin d’être l’exact contraire de la vertu démocratique et de la concitoyenneté civilisée. Sa façon d’être au cours de la campagne électorale et beaucoup des questions dont il a su se saisir répondent bien en revanche à l’attente de réveil de nos sociétés occidentales enlisées dans un confort naguère inimaginable, dans une autosatisfaction aveugle devant les changements du monde, et craintives devant toute évolution des idées convenues et des positions acquises.

En fait, malgré de nombreuses alertes ces dernières années, rien jusqu’alors n’a semblé pouvoir secouer cette inertie, comme en attestent actuellement les navrants débats français sur le nombre des jours fériés des fonctionnaires, les temps de travail de la ville de Paris ou l’extrême difficulté à revenir au niveau réaliste que peuvent atteindre nos dépenses publiques.

Certains ne sont ainsi pas loin de penser que seule pourrait nous ouvrir les yeux une très sérieuse crise nationale ou internationale. Les outrances du prochain président de l’empire d’Occident ne nous donnent pas la garantie de pouvoir éviter la crise. Dans l’immédiat peut être ouvrent-elles cependant une chance pour un électrochoc favorable à plus de lucidité de notre part.

Le monde n’est-il pas redevenu dangereux ? Ne gaspillons-nous pas nos diverses richesses avec une totale inconscience ? Enfermés dans nos intérêts individuels, comment pouvons nous encore refuser tout effort collectif national et européen pourtant urgent ? N’est-il pas temps d’avoir le courage d’aborder des sujets aussi impératifs que la restauration effective de l’ordre public, la gestion d’une immigration nécessaire mais dont le traitement par principes abstraits détruit la société concrète ? Comment retrouver le sens de la création, du travail, de l’effort et du risque qui n’est pourtant rien d’autre que l’essence même de notre nature humaine ?

Les réponses de Trump à ces sujets sont souvent simplistes, même pour la société américaine, mais son mérite est d’avoir osé affronter les questions que se pose une large partie de ses concitoyens. L’insatisfaction exprimée par tous les électeurs européens lors des choix auxquels ils ont été invités depuis une dizaine d’années risque fort de résulter de frustrations comparables à celles observées outre atlantique. Sans discuter de la valeur du choix américain, celui-ci peut contribuer à notre réveil et nous inviter à prendre certains risques : affronter les réalités nouvelles du monde, réviser des orientations politiques arrêtées dans le monde d’hier, retrouver le sens de l’effort et de l’imagination, cesser de nous morfondre dans des sentiments mortifères de déclin en oubliant tous les atouts dont nous disposons et redonner sens à notre vie démocratique et à notre souveraineté.

Henri PIGEAT

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Billet publié le 22 Octobre 2024

Crise française, début de thérapie

La crise politique, latente depuis 2022, est loin d’être résolue. Dans sa déclaration de politique générale, le nouveau Premier ministre, fidèle à sa réputation de maitre de l’esquive, n’a guère avancé de solutions novatrices ni concrètes. Il a en revanche engagé une thérapie dont l’opinion publique a un urgent besoin. Pour la première fois depuis longtemps, un haut responsable politique ose affronter des réalités habituellement minimisées ou niées.

Alourdissements fiscaux certains et intentions d’économies aléatoires n’appellent guère de commentaires. La France va continuer à dépenser plus qu’elle ne produit et sa productivité a peu de chances de s’améliorer rapidement.

Le discours de vérité est plus courageux et plus constructif qu’il y paraît. La reconnaissance de la réalité très préoccupante de notre situation financière a trop tardé. L’élimination des non-sens destructeurs du « quoi qu’il en coûte » ou de la « dépense sociale productive » sont des poisons qui nous détruisent.

De même, le simple bon sens commande-t-il de reconnaitre les deux priorités du rétablissement de l’ordre public que l’État n’assure plus et une gestion intelligente de l’immigration dont le traitement dogmatique a installé l’idée fausse qu’elle était soit toujours nuisible, soit toujours bénéfique. Plus largement, la France n’a pas su faire évoluer les choix de société auxquels elle a procédé peut-être légitimement en d’autres temps, mais qui, outre de nombreuses dérives, ne sont désormais plus adaptés aux réalités du monde actuel.

Identifier les problèmes ne suffit évidemment pas à les résoudre. Leur éclairage et une construction de consensus exigent du temps. Les réorientations nécessaires ne peuvent s’opérer qu’avec le consentement d’une majorité suffisante de Français. La confiance ne peut revenir qu’après confirmation des intentions par de premières actions concrètes et visibles.

Le temps dont disposera ce gouvernement est évidemment inconnu. L’absence de solutions de rechange, les calculs électoraux des diverses forces politiques et les limites constitutionnelles à une nouvelle dissolution peuvent cependant lui donner une durée supérieure à ce que laisse imaginer l’absence de majorité. Dès lors, deux hypothèses se présentent. Soit les ambitions minimales actuellement affichées tournent court pour une raison ou une autre et le pays risque fort de devoir affronter une sérieuse crise de régime. Soit l’opération de vérité engagée peut être suffisamment développée et crédibilisée et de prochaines échéances électorales d’ici à 2027 pourront alors survenir après dissipation des illusions et ambiguïtés dans lesquelles nous nous complaisons depuis trop longtemps. Les électeurs auront alors le choix entre des offres raisonnables.

Henri PIGEAT

Billet publié le 10 Septembre 2024

Ras le bol des loisirs !

Le progrès social ne comporte plus aujourd’hui que deux composantes : le pouvoir d’achat et la diminution du temps de travail. Les deux thèmes ont ceci d’intéressant et de particulier, c’est qu’ils sont quantitatifs, donc mesurables au premier degré et ne peuvent être contredits.

Qui pour se prononcer contre un SMIC augmenté, contre des primes, si possible défiscalisées, contre des dotations compensatrices pour le carburant, contre le « quoi qu’il en coûte », dans toutes ses variantes ?

Pour le temps libre, la panoplie comprend les 35 heures, la retraite le plus jeune possible, des congés supplémentaires, c’est presque plus compliqué. Que faire de ce temps disponible ? La plupart des gens s’ennuient et donc se précipitent sur des « activités de loisirs » : voyages et tourisme, bien sûr, visite de musées et d’expositions, assistance à des spectacles de toutes natures. Rien à reprocher à ces démarches naturelles, moins graves à court terme que le désœuvrement, que l’on sait source de délinquance et de bien des perversions !

Le problème est indirect et insidieux : un ras le bol du tourisme est en pleine expansion, car il est origine de dangers réels notamment pour les environnements. Venise en est une des victimes les plus emblématiques » et, pour ne pas disparaître, doit limiter l’accès aux bateaux de croisière puis, depuis cette année 2024, le nombre de visiteurs en instaurant une entrée payante ! Les Catalans font de plus en plus de manifestations anti-touristes ; les sites historiques doivent être clôturés comme Carnac ou le pont du Gard, avec des inscriptions payantes et préalables de visite. Sur l’ile de Bréhat, la municipalité a limité à 400 visiteurs par jour. Le journal « Les Vosges » de ce 8 août présente ces sites sur fréquentés et menacés, du département, la faune et la flore, très vulnérables, étant victimes d’incivilités. Le Mont Blanc et les sentiers de randonnées deviennent des autoroutes. La nature et tout ce qui fait son charme disparaissent. Trop de fréquentation et l’attractivité se dégrade irréversiblement.

Les musées et les spectacles qui, pourtant se multiplient de façon inflationniste, sont aussi impactés par la surabondance de visiteurs. Par exemple, il n’est plus possible d’aller voir une exposition à Paris sans s’inscrire préalablement… et sans bain de foules.

Certes, il est difficile et incongru de vouloir restreindre les « activités de loisirs et de culture », voire la réserver à des « élites », mais la dégradation actuelle de leur qualité justifierait une véritable politique. Peut-être faudrait-il ressusciter l’éphémère ministère du Temps Libre mis en place de 1981 à 1984 par le gouvernement de Pierre Mauroy ? Il avait dans ses attributions les deux domaines de la jeunesse et des sports et celui du tourisme auxquels il faudrait alors rajouter aujourd’hui celui de la culture. Sa tâche serait vaste et anticiperait un avenir éducatif incontournable.

Alain MAGNIER

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Billet publié le 2 Septembre 2024

Dégel des pôles et routes maritimes nordiques

Le réchauffement climatique remet régulièrement à l’ordre du jour les études sur les possibilités de navigation par les routes du Nord, pour éviter les coûts du canal du Panama ou pour s’affranchir de ceux du canal de Suez. L’idée est séduisante, mais les obstacles sont encore nombreux, et pas uniquement sous la forme de « growlers » (fragments d’icebergs).

Le passage du Nord-Ouest est loin d’être facilement praticable, même en été. Il est pour l’instant réservé à des trafics marginaux de croisière, avec quelques navires spéciaux comme le Jean Charcot de la compagnie du Ponant.

Le passage du Nord Est, navigable plus longtemps dans l’année, permet de réduire la distance Europe du Nord - Chine de 30%. Il est cependant aussi réservé à des navires spéciaux équipés d'étraves renforcées.

L’intérêt de la Russie est évident. Elle exploite et développe de nombreux sites gaziers en Sibérie. L’exportation de pétrole ou gaz se fait à l’abri des sanctions occidentales. Elle se dote pour cela de brise-glaces puissants, service pour lequel elle ne manquera d’appliquer des péages pour assurer une navigation sûre. Cela concerne essentiellement le trafic des vracs, solides ou liquides.

Pour les mêmes raisons géopolitiques et pour une évidence géographique, l’intérêt de la Chine est grand. Elle mène de nombreuses études, fait des essais, y compris en ce qui concerne le transport international de marchandises « conteneurisées ». Les nouvelles routes de la soie seront sans doute plus fraiches que nous ne l’imaginons.

Pour le reste des échanges mondiaux par conteneurs sous contrôle des grands armements occidentaux et dans la mesure où les chaines logistiques reposent sur la plus grande régularité possible, ce n’est pas à l’ordre du jour. On a constaté récemment que les attaques des Houtis du Yemen, en obligeant les navires à contourner l’Afrique par le cap de Bonne Espérance au lieu d’utiliser le canal de Suez, ont provoqué une augmentation importante des taux de fret: les trajets sont plus longs de 8 à 15 jours, il faut mobiliser davantage de navires, supprimer des escales. Sans parler de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

La solution du Nord Est n’est donc pas d'actualité, comme le dit par exemple MSC, le plus grand armateur de porte-conteneurs “. Les eaux de l’Arctique sont un grand défi pour la navigation à cause de la glace, des conditions météo, du manque de données géographiques et des infrastructures limitées. Les moyens disponibles pour réagir à une pollution ou une opération de sauvetage sont éloignés, ce qui signifie que nos navires et leurs équipages devraient se débrouiller seuls. ”

On peut enfin et surtout remarquer que cette route présente l’inconvénient rédhibitoire pour les Occidentaux d’être entièrement sous emprise russe.

Pierre PIGEAT

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Billet publié le 10 Août 2024

Femmes au pouvoir, un monde pas si nouveau

Jeanne d’Arc, Boadicée, Néfertiti, Cléopâtre, Elizabeth I, Catherine II de Russie, Eléonore d’Aquitaine, les femmes au pouvoir ne sont pas un phénomène réellement nouveau, même s’il n’était pas la règle habituelle. Depuis la deuxième guerre mondiale, il ne ne surprend d’ailleurs plus, même dans des pays musulmans.

D’après une récente étude de la chaine de télévision américaine CNN, nombreuses sont les femmes à occuper des positions politiques suprêmes : chef d’Etat ou de gouvernement dans 26 pays dans le monde : 12 en Europe, 5 et bientôt 6 dans les Amériques, 4 en Afrique, 2 en Océanie, 3 en Asie.

Dans l’antiquité, les femmes accédaient au pouvoir par la force de caractère, mais aussi par mariage et l’héritage. Aujourd’hui la mobilité sociale devient un facteur dominant, comme par exemple Margaret Thatcher au royaume Uni ou Madeleine Albright (ancienne Secrétaire d’Etat américaine) . Le phénomène se multiplie : Christine Lagarde (BCE), Meloni (Italie),

Kamala (prononcé Comm’la) Harris aux États-Unis, Rachel Reeves (ministre de finances au Royaume Uni), Frederiksen (première ministre, Danemark et d’autres femmes première ministre dans les pays nordiques), Anne Hidalgo (Maire de Paris) et Rachida Dati, Angela Rayner (nouvelle vice première ministre du R.U). Dati a commencé en tant qu’aide-soignante, Rayner comme assistant sociale, ayant quitté l’école à 16 ans sans diplôme ; Yael Braun-Pivet (Assemblée national) a commencé à 16 ans en tant que sténographe. Selon les mots de Bob Dylan: (Prix Nobel de littérature 2016 , « Les Temps sont en train de changer » (1964).

Désormais les causes sont multiples, la référence des sondages, les sujets politiques, la démographie électorale. L’évolution actuelle est complexe et rapide, sous l’effet de la mémoire collective des guerres ou de la paix, de l’État providence, des changements de référence des valeurs, de l’éducation, de l’émigration et immigration internes entre régions et villes, des techniques numériques et de la langue parlée, etc…

Parallèlement, on décèle aussi depuis une trentaine d’années un appétit plus marqué pour des dirigeants jeunes, hommes comme femmes.

Les anciens « plafonds de verre » deviennent les miroirs de mouvements qui transpercent les pays, en particulier en Occident.

En 1405 déjà, le livre de Christine de Pizan « La Cité des femmes » publié à Paris, évoquait une cité utopique, construite pierre par pierre par des femmes.

Le mouvement est donc ancien et sans doute loin d’être terminé.

George MURRAY

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Les humeurs d'Armando

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La LETTRE : Numéro 183
Septembre-Octobre 2024

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LA VÉRITÉ EN FACE

Notre pays vit sur un petit nuage, persuadé d’une place exceptionnelle dans beaucoup de domaines - créativité, protection sociale, etc - et qu’il peut mieux faire pour les tracas quotidiens , niveau d...

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Les NOTES

Dans la perspective des élections de 2017, Ilissos a entrepris la publication d'une série de notes d'étude sur des sujets d'actualité.

Premières notes parues ou à paraître :
La singularité française vue de l'étranger >
La réforme territoriale >
Le réchauffement climatique >
Vivre 130 ans >

Ces notes sont disponibles sous forme de :
Livret papier, édité à la demande par Blurb
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Elles sont également visionnables sur le site par les abonnés et les acheteurs.

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